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L'éthanol de deuxième génération, le biocarburant sur lequel mise le Brésil

prix du petrole piracicaba (brésil)Piracicaba (brésil): On le fabrique à partir des déchets de la canne à sucre et il ne demande pas de nouvelles cultures: l'éthanol de deuxième génération, présenté par le Brésil comme l'avant-garde des biocarburants, est un pari contre le réchauffement climatique.
Au Brésil, l'éthanol est extrait depuis quarante ans de la canne à sucre et utilisé comme combustible. Aujourd'hui, plus de 60% de ses 36 millions de véhicules roulent à l'éthanol, ou marchent aussi bien à l'essence qu'à l'éthanol.

Le géant sud-américain est le premier producteur mondial de sucre et le deuxième d'éthanol, derrière les États-Unis qui le fabriquent à partir du maïs.

L'éthanol de seconde génération, dit 2.0 ou 2G, est extrait de la paille qui reste après le broyage de la canne.

C'est un produit révolutionnaire, son grand avantage est d'augmenter l'efficacité du système sans devoir agrandir la surface cultivée, explique à l'AFP Antonio Stuchi, directeur de production de l'usine Raizen, une joint-venture entre la multinationale Shell et la brésilienne Cosan inaugurée en juillet.

La production d'éthanol 2.0 double le rendement d'un hectare cultivé de canne à sucre.

Située à Piracicaba, l'épicentre sucrier du pays à 100 kilomètres de Sao Paulo, Raizen produit du sucre et de l'éthanol et pourra fabriquer jusqu'à 42 millions de litres d'éthanol 2G.

En 2015, elle en a produit 10 millions de litres, tous exportés vers l'Europe.

Jusqu'à présent, Raizen et GranBio, dans l'État d'Alagoas (nord-est), sont les seules usines qui produisent cet éthanol au Brésil. Elles sont considérées comme pionnières dans le monde, alors que cette technologie débute avec quelques sites en Italie ou aux Etats-Unis entre autres.

- Moins d'émissions de CO2

Après trois ans sans investissements dans l'industrie sucrière, le gouvernement a financé à 87% les 60 millions de dollars qu'a coûté la construction de l'usine de Piracicaba.

Lors de la récolte 2014/2015, le Brésil a produit 28,3 milliards de litres d'éthanol et la présidente Dilma Rousseff a annoncé en octobre, alors qu'elle visitait l'usine pour la deuxième fois en quatre mois, vouloir porter la production à 50 milliards de litres.

Cette usine nous donne de l'importance comme pays pour les négociations internationales sur le changement climatique, avait souligné la présidente lors de l'inauguration de l'usine, en vue de la conférence sur le climat COP21 qui se tient à Paris.

La septième puissance mondiale a annoncé son objectif de réduire de 37% ses émissions de carbone d'ici à 2025 et de 43% d'ici à 2030, un but possible grâce à l'éthanol, selon Mme Rousseff.

Le Brésil produit environ 1,5 milliard de tonnes de gaz à effet de serre, dont une part importante émane des transports.

Le fait qu'on n'ait pas besoin de développer plus de matière première pour le 2G ni d'étendre les cultures contribue à une chute significative des émissions de gaz, souligne Antonio Stuchi.

Cependant ce projet soulève le dilemme de produire des combustibles au détriment des aliments. Les écologistes dénoncent aussi l'importante quantité d'énergie nécessaire pour obtenir de l'éthanol à partir des résidus de canne à sucre.


- Un nouvel élan ?

Le Brésil a lancé l'éthanol dans les années 1970, en pleine crise du pétrole, et la filière sucrière a connu des années de gloire.

Aujourd'hui, elle traverse des turbulences avec la chute des prix du sucre et des pluies irrégulières.

Mais les experts s'accordent à dire que c'est le gouvernement lui-même qui lui a porté préjudice, en subventionnant le prix de l'essence pour maîtriser l'inflation, même si Brasilia dit encourager les énergies propres.

Aujourd'hui, l'éthanol représente 5% seulement de la production d'énergie, selon UNICA qui réunit les producteurs du secteur.

Mais la filière garde espoir: le gouvernement a augmenté la quantité d'éthanol obligatoire pour les voitures fonctionnant avec un mélange et augmenté les taxes sur l'essence.

Pour l'heure cependant, les prix commerciaux ne sont pas encore compétitifs pour une production à grande échelle.

Produire de l'éthanol 2G est aujourd'hui 30% plus cher que pour le traditionnel, selon Antonio Bonomi, chercheur au laboratoire de Bioéthanol à Campinas, près de Sao Paulo.

Il est important de développer cette énergie et si elle arrive à avoir un prix compétitif, elle sera imbattable. Nous devons remplacer le pétrole, affirme-t-il.

nr/cdo/ka/tup/sg/sbo

ROYAL DUTCH SHELL PLC



(c) AFP

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