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Nigeria: des militants réclament le contrôle exclusif des revenus pétroliers dans le delta du Niger

prix du petrole lagosLagos: C'est un nouveau casse-tête pour le président Muhammadu Buhari: déjà menacé par les insurgés islamistes de Boko Haram, le Nigeria est confronté à une nouvelle poussée séparatiste dans le Sud, notamment dans la région du delta du Niger, où des activistes réclament le contrôle des revenus pétroliers.
Le Sud-Est est déjà secoué depuis quelques semaines par une nouvelle série de manifestations revendiquant la création d'un nouvel Etat au Biafra, 45 ans après la fin d'une sanglante guerre civile déclenchée par une déclaration d'indépendance.

A ces revendications s'ajoutent à présent celles de militants de la région du delta du Niger - d'où provient la grande majorité du pétrole du premier producteur africain -, qui réclament le contrôle total des ressources pour rattraper le retard de cette région, sous-développée malgré les milliards de dollars de revenus pétroliers.

Selon l'accord actuel, les revenus du pétrole sont divisés parmi les 36 Etats du Nigeria. Vendredi dernier, le lobby Mouvement d'auto-détermination du delta du Niger (NDSDM) a contesté cette répartition, la qualifiant d'injuste.

Les 13% (des revenus pétroliers alloués à la région du delta du Niger), fixés par la Constitution de 1999 nous privent des ressources que nous a données Dieu, a déclaré la responsable du groupe Annkio Briggs devant la presse à Lagos.

Si le NDSDM n'appelle pas à une sécession du delta du Niger du Nigeria, il réclame 100% de contrôle et de propriété de notre sol pour pouvoir maîtriser notre futur, précise la militante.

- "Domination" du Nord

La chute des prix du brut - de plus de 100 dollars le baril en juin 2014 à environ 45 dollars actuellement - a fait fondre les revenus du Nigeria, qui rencontre des problèmes pour financer les projets gouvernementaux ou les salaires des fonctionnaires.

Aujourd'hui, 90% des revenus d'exportation et 70% de l'ensemble des recettes du gouvernement proviennent du pétrole.

L'épineuse question du pourcentage de recettes du brut touché par chaque Etat souligne les oppositions ethniques et régionales qui divisent le Nigeria, entre un Sud majoritairement chrétien et un Nord musulman.

La revendication par le Sud d'un pourcentage plus élevé a été un facteur clé des violences qui ont secoué le delta du Niger dans les années 2000, avant qu'un programme d'amnistie du gouvernement et de larges distributions d'argent aux militants ne ramènent la paix.

Aujourd'hui, le NDSDM affirme que l'architecture politique du Nigeria - avec 19 Etats classés comme appartenant au Nord et 17 au Sud - serait le fruit de manipulations pour... dominer socio-économiquement et politiquement le Sud, selon Mme Briggs.

La militante accuse une succession de gouvernements militaires dirigés par le Nord d'avoir arraché l'accord sur la division des revenus du pétrole, sans notre consentement libre, préalable et informé.

Les militants du delta du Niger se sentent d'autant plus fondés à réclamer une meilleure redistribution que l'exploitation pétrolière a provoqué des désastres écologiques dans cette région pauvre. Le principal exploitant, le géant anglo-néerlandais Shell, n'a pas tenu ses engagements de procéder à une grande opération de nettoyage du delta, selon des organisations de défense des droits de l'homme, dont Amnesty International.

- La pauvreté, terreau pour Boko Haram

Le NDSDM a été fondé l'année dernière à l'occasion d'une conférence nationale convoquée par l'ancien président Goodluck Jonathan. Les délégués avaient recommandé de faire passer la part de revenus du brut perçue par la région du delta de 13% à 18% (au lieu des 50% réclamés par les délégués du delta) des recettes totales. Cette recommandation n'a pas été retenue.

Anyakwee Nsirimovu, du lobby de la Coalition de la société civile du delta du Niger, estime que les revendications des groupes de pression du Sud étaient prévisibles depuis que Goodluck Jonathan, un chrétien du Sud, a perdu fin mars la présidentielle contre Muhammadu Buhari, un musulman du Nord.

A l'origine de cette crise, il y a ceux qui ont perdu au change dans l'équation du pouvoir, affirme-t-il.

Le Nord, où sévit Boko Haram depuis 2009, n'est pour autant pas épargné par la pauvreté, le chômage et les carences du système éducatif, autant de facteurs qui permettent aux islamistes radicaux de recruter largement parmi une jeunesse sans espoir.



(c) AFP

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