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GB: miracle ou menace, le gaz de schiste continue de diviser

prix-du-petrole LondresLondres: Une décision sur de nouvelles licences pour l'exploration du gaz de schiste en Grande-Bretagne a été reportée mercredi, signe des difficultés à réconcilier opposants et partisans de cette source d'énergie nouvelle poussée par le gouvernement Cameron.
Les autorités du Lancashire, un comté du nord-ouest de l'Angleterre, devaient se prononcer sur l'attribution de deux nouvelles licences à la société britannique Cuadrilla.

Environ 250 opposants, pour la plupart des habitants de la région munis de pancartes hostiles à la fracturation hydraulique, s'étaient réunis pour manifester avant cette décision très attendue.

Mais le suspense va continuer: les autorités ont en effet ajourné leur arbitrage d'au moins huit semaines à la demande de Cuadrilla, qui veut retravailler son dossier.

La direction locale de l'urbanisme avait recommandé la semaine dernière de refuser les permis, craignant les nuisances occasionnées par les forages, entre le bruit et l'augmentation du trafic de poids-lourds sur les routes de campagne.

Le sujet divise la population de ce comté autrefois industriel, partagée entre la promesse d'importantes retombées économiques et les craintes pour le cadre de vie.

Plus de 240 entreprises, syndicats et associations locales ont signé une pétition contre la fracturation hydraulique en raison de ses effets potentiels sur l'environnement et la santé.

Ce procédé consiste à créer des fissures souterraines et y infiltrer un mélange d'eau, de sable et de produits chimiques, pour permettre l'extraction de gaz capturé dans la roche.

Les inquiétudes se focalisent sur la pollution que pourraient causer les substances chimiques utilisées, notamment pour l'eau.

Le tourisme et l'agriculture seraient sérieusement affectés. Vous emmèneriez votre famille en vacances dans un champ gazier?, interroge Karen Ditchfield, l'une des signataires de la pétition.

Le sujet divise aussi les responsables politiques au niveau national, même si aucun des grands partis ne s'oppose en principe au gaz schiste.

Les députés britanniques ont rejeté lundi le principe d'un moratoire national proposé par une commission parlementaire.

Ils ont en revanche adopté des amendements déposés par le parti travailliste pour encadrer plus sévèrement les forages, qui seront totalement interdits dans les parcs nationaux et les zones protégées.

-Une priorité économique du gouvernement-

Le gouvernement du Premier ministre conservateur David Cameron a pour sa part clairement fait du développement de cette énergie, potentiellement bon marché et abondante, une priorité économique, alors que les champs pétroliers de la mer du Nord sont en déclin.

Ce pays qui a été le premier à extraire du pétrole et du gaz en eaux profondes ne devrait pas tourner le dos aux nouvelles sources d'énergie comme le gaz de schiste juste parce que c'est trop difficile, a fait valoir le ministre des Finances George Osborne.

Le gouvernement s'appuie sur l'exemple des États-Unis, où la révolution du gaz schiste a assuré le redémarrage de l'économie et où le président Barack Obama vient de déclarer que la page de la crise est désormais tournée.

Mais la chute des cours du pétrole conventionnel depuis des mois menace désormais ce miracle. Le gaz de schiste, plus cher à extraire, n'offre en effet plus d'avantage compétitif.

Le niveau des réserves britanniques est en outre incertain. Les scientifiques du Bureau d'études géologiques britannique (BGS) estiment qu'elle sont abondantes mais ne savent pas combien pourrait en être récupéré.

Malgré les inconnues, plusieurs puits exploratoires ont été forés dans le pays ces dernières années même s'il n'y a pas encore de production.

Cuadrilla avait dû interrompre en 2011 des forages dans le nord-est de l'Angleterre après l'enregistrement de légères secousses telluriques. Le gouvernement lui avait ensuite donné l'autorisation de reprendre les forages exploratoires mais en renforçant les contrôles.

Ineos, un groupe de chimie basé en Suisse, avait annoncé l'an dernier vouloir investir un milliard de dollars dans l'exploration, avec l'ambition de devenir le plus important acteur du secteur dans le pays.

Alors que la fracturation hydraulique reste interdite en France, les géants français Total et GDF Suez ont également pris des participations dans des licences d'exploration au Royaume-Uni.

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