Menu
A+ A A-

Le Congrès américain abroge l'interdiction d'exporter du pétrole

prix du petrole washingtonWashington: Le Congrès des Etats-Unis a abrogé vendredi l'interdiction en place depuis 40 ans d'exporter du pétrole américain, victoire symbolique pour la majorité républicaine.
Le gros projet de loi budgétaire en cours adopté vendredi par le Congrès prévoit notamment qu'aucun responsable du gouvernement fédéral ne pourra imposer ou faire respecter des restrictions à l'exportation de pétrole brut.

Réclamée avec vigueur par plusieurs élus républicains et les grands groupes pétroliers, critiquée par de nombreux démocrates et combattue en vain par des organisations écologistes, cette mesure pourrait, espèrent ses promoteurs, tout à la fois soulager les stocks surabondants, assurer un débouché à la production américaine, et permettre une petite baisse du prix de l'essence à la pompe.

Autre argument invoqué par Heidi Heitkamp, sénatrice démocrate de l'Etat du Dakota du Nord (nord) saisi par la fièvre du pétrole de schiste: En ouvrant le brut américain au reste du monde, nous fournirions à nos alliés un partenaire commercial plus stable, et réduirions le pouvoir de pays comme la Russie, le Venezuela et des régions volatiles du Moyen-orient qui utilisent leur domination (sur le marché de) l'énergie pour influencer notre pays et nos alliés.

Pour les écologistes, il s'agit d'un nouvel encouragement à pomper du pétrole, au mépris des engagements pris au début du mois à la conférence sur le climat (COP21) de Paris.

Des sources d'énergie sales et dangereuses doivent rester dans le sol, ont fait valoir les Amis de la Terre.

Cette organisation a évoqué également les risques posés par l'acheminement du brut vers de nouvelles destinations, qui va augmenter la fréquence des explosions de train et des fuites de pétrole dans le pays et les eaux internationales.

- En plein choc pétrolier

L'embargo remonte au choc pétrolier de 1973-1975, lorsque les Etats-Unis, dont la production de pétrole était en déclin, voulaient se protéger d'une possible rupture des approvisionnements. Ils avaient décidé de constituer une réserve stratégique de brut, et d'interdire l'exportation de la production nationale.

Cet embargo est poreux: le ministère de l'Energie chiffre à quelque 491.000 barils par jour les exportations de brut actuelles, permises quand elles sont à destination du Canada pour utilisation sur place, ou en provenance du nord de l'Alaska ou de Californie.

Désormais, plus aucune restriction légale ne pèsera sur les exportations des quelque 9,2 millions de barils par jour produits par les Etats-Unis, ou des 490,7 millions de barils de brut commercial stockés dans le pays.

Le président américain pourra seulement limiter les exportations pour des raisons de sécurité nationale, en cas de pénurie, ou si les cours du pétrole aux Etats-Unis viennent à dépasser très largement les prix pratiqués sur le marché mondial, au risque de peser sur l'emploi.

Cette mesure a été favorisée par la spectaculaire envolée de la production américaine de brut ces dernières années, qui a permis à l'Agence internationale de l'énergie (AIE) de prédire que les Etats-Unis pourraient être exportateurs nets de brut dans une quinzaine d'années.

A 281,68 millions de barils par mois (en septembre 2015, selon les chiffres du ministère américain de l'Energie), elle se rapproche de son record d'octobre 1970 (310,40 millions de baril), et elle a presque doublé depuis octobre 2008 (146,93 millions de barils).

Pour James Williams, de WTRG Economics, la levée de l'interdiction d'exporter ne devrait avoir que peu d'impact sur le marché mondial du pétrole, car au total, il n'y aura pas de quantité de pétrole supplémentaire en vente.

En revanche, elle pourrait bénéficier aux producteurs, qui devraient pouvoir exporter à un prix meilleur (que celui qu'ils obtiennent aux Etats-Unis) vers l'Europe, où les raffineries sont mieux équipées pour traiter la qualité de pétrole américain à basse teneur en soufre que les raffineries américaines, a-t-il fait valoir.

Mais comme l'a noté Andy Lipow, de Lipow Oil Associates, les exportations seront difficiles si l'écart de prix entre les variétés du WTI américain et du Brent européen, coté à Londres, se resserre encore: cela n'encourage pas les exportations américaines vers de nombreux pays, une fois pris en compte le coût additionnel du transport.

(c) AFP

Commenter Le Congrès américain abroge l'interdiction d'exporter du pétrole



    Communauté prix du baril


    Les analyses des Prix du pétrole les plus récentes

    Chiffres du jour

    Jeudi 28 mars 2024 La banque internationale Standard Chartered estime que le resserrement des marchés pétroliers continuera à alimenter la hausse des prix du pétrole et prévoit que le Brent atteindra une moyenne de 94 dollars le baril au cours du deuxième trimestre 2024.

    📉 Le pétrole restera volatil en 2024, selon BofA

    Le vendredi 05 janvier 2024

    New York: Les compagnies pétrolières et les raffineurs américains devraient être confrontés à une nouvelle période difficile en 2024, ont écrit les analystes de Bank of America (BofA) dans une note vendredi, qui s'attendent à ce que le baril de Brent atteigne 80 dollars en moyenne cette année.

    Lire la suite

    🛢️ Pour l'Opep, le pétrole a encore des décennies de croissance devant lui

    Le lundi 09 octobre 2023

    Paris: Pas de répit dans la demande d'or noir: l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) s'attend à une hausse continue de la demande mondiale de pétrole d'ici à 2045, selon de nouvelles projections à rebours des efforts requis pour limiter le réchauffement planétaire.

    Lire la suite

    Comment investir dans le pétrole ?

    Le jeudi 01 décembre 2022

    Le pétrole est la matière première par excellence de ces 150 dernières années... Cet or noir qui a permis l'incroyable évolution moderne que nous connaissons dans nos vies de tous les jours autant dans l'industrie que dans le transport, pour ne citer qu’eux. Essentiel à notre niveau de vie, rare car limité, donc cher, le pétrole n’en demeure pas moins la ressource primordiale vers la transition énergétique nouvellement entamée.Ne vous y trompez pas : le baril n’a pas fini de surprendre dans les années à venir, tant dans ses niveaux de prix...

    Lire la suite